Le flux d'air passant dans le canal de l'instrument forme un jet qui se met spontanément à osciller de part de d'autre du biseau, ce qui met en mouvement et entretient les vibrations de la colonne d'air contenue dans le tuyau comme le montre l'image à droite.. Ce phénomène est rendu visible dans la vidéo au centre, réalisée aux Pays Bas, à l'Université d'Eindhoven, par Avram Hirschberg et son équipe.
L'image de gauche montre le canal qui dirige le souffle vers le biseau. Il est taillé un peu au-dessus de la perce et fermé en-dessous par une pièce rapportée, appelée le bouchon. Il possède un profil spécifique et sa réalisation demande une très grande précision. Noter les chanfreins (petites découpes angluaires) à la sortie. Ils ont une influence importante sur la qualité du son en protégeant le jet au moment où il entre dans la zone de turbulence en haut du tuyau. (Ils ne figurent pas dans la vidéo au centre.)
Vous pourrez voir ici une image tomgraphique de l'intérieur de la tête d'un flageolet à bec original de la fin du XVIIIe siècle.;
La vibration de la colonne d'air prend la forme d'une onde qui balaye le tuyau de haut en bas et de bas en haut. Dans l'image suivante on voit cette onde se déplacer comme à l'intérieur de l'instrument. Arrivée en bas elle se reflète et remonte en sens inverse. En réalité il n'y a pas de véritable courant d'air dans le tuyau, mais plotôt une impulsion passant d'une molécule à la suivante.
Dans les instruments de la famille des flûtes (ouvertes aux deux extrémités), dont le flageolet, les ondes montantes et descendantes se croisent, formant une zone sans mouvement et à haute pression vers le milieu qui s'appelle un noeud de vitesse (marron foncé dans l'image qui suit) et inversement un maximum de mouvement et un minimum de pression à chaque extrémité ouverte, qui s'appelle un ventre de vitesse (bleu dans l'image)..
Au flageolet, lorsque tous les trous sont bouchés cela donne ceci :
L'ouverture de trous raccourcit ainsi la colonne d'air :
Pour jouer les notes aiguës on utilise les harmoniques en forçant la colonne d'air à se fractionner en deux parties ou plus. Dans l'image ci-dessous elle est divisée en deux. Il y a donc deux noeuds de vitesse (marron foncé) et la note qui en résulte est relevée d'une octave..
La colonne d'air du flageolet français est ici divisée en deux par une fuite au premier trou de pouce qui neutralise le noeud de vistesse (haute pression) le plus proche. L'ouverture d'autres trous peut provoquer la division en trois ou en quatre parties. Certains flageolets étaient munis d'une clé de sifflet facilitant cette division en pratiquant une fuite à l'endroit le plus favorable pour cela.
= trou bouché = trou de pouce entr'ouvert
Le perce (l'intérieur du tuyau) du flageolet est généralement de forme tronconique inversée, c'est à dire se rétrécissant vers le bas de l'instrument. Ce n'est pas un cône régulier, car des élargissements ou des rétrécissements sont nécessaires pour obtenir la justesse de certaines notes. Voici un schéma de la perce de d'un flageolet de Prudent Noblet. L'embouchure se situe à gauche de l'image. Le diamètre a été élargi par rapport à la longueur pour rendre visibles les irrégularités de ce profil particulier. La position des trous est indiquée, quatre devant et deux à l'arrière, afin de les situer sur le tuyau.
La plupart des flageolets français du XIXe siècle possèdent une pompe composée de trois parties, un petit bec (souvent en os, en ivoire ou en corne), un porte-vent conique et un barillet plus large, presque cylindrique qui semble avoir un effet bénéfique sur la sonorité en constituant une sorte de résonateur relié à la colonne d'air via le canal. Il peut éventuellement contenir une petite éponge destinée à absorber la condensation, mais celle-ci ne semble pas vraiment nécessaire. Il y a un texte de l'époque extrait de la méthode de Jules Gard décrivant l'effet de la pompe sur la sonorité à lire ici.
Il y a des renseignements plus complets sur l'acoustique des instruments de la famille des flûtes à bec ou à sifflet sur le site www.flute-a-bec.com.