Le flageolet a coexisté avec la flûte à bec depuis la Renaissance. Cependant, à la différence de celle-ci, il n'a pas disparu après l'époque baroque. On l'a joué pendant tout le dix-neuvième siècle, et même jusqu'à la première guerre mondiale. Il servait entre autres à animer les bals et les fêtes. Sa sonorité plutôt aigüe lui permettait de se faire entendre sans difficulté.

Le système d'émission du son est similaire à celui de la flûte à bec, sauf que, sur la plupart des flageolets français du XIXe siècle, le bec prend la forme d'un porte-vent conique en deux parties, couramment appelé la pompe, placé en amont du canal et surmonté d'un petit embout aplati en ivoire, en os ou en corne rappelant la forme d'une anche double.

gros-plan sur le biseau du flageolet

A propos de la pompe, Jules Gard dit ceci, dans sa MÉTHODE COMPLÈTE DE FLAGEOLET, publiée pendant la première moitié du XIXe siècle :

Il y a des flageolets à pompe et des flageolets à bec, ils ne diffèrent en rien pour le ton et pour l'étendue; ceux à pompe ont le son beaucoup plus doux et plus agréable, ils ont en outre l'avantage de ne pas s'humecter comme ceux à bec, attendu que la pompe, dans laquelle on peut introduire une petite éponge, est destinée à recevoir l'eau de la vapeur de l'haleine.

La pompe confère effectivement au flageolet une sonorité particulièrement fine et élégante. Elle est composée de trois éléments, un embout, un porte-vent et un barillet qui pourrait constituer un un résonateur relié à la colonne d'air par le canal qui conduit le vent vers le biseau.

la pompe démontée, laissant voir le canal et le bouchon


vue en coupe de la pompe, du canal et du biseau

Eugène Roy dit la même chose dans sa METHODE COMPLETE Pour le Flageolet sans clef et avec clefs :

...ceux à bec ont le son dur et ceux à pompe au contraire approchent beaucoup de la flûte et doivent être préférés. On a imaginé depuis peu d'introduire dans la pompe du Flageolet une éponge qui doit en remplir le vide sans cependant empêcher le vent de circuler ; cette éponge sert à retenir l'eau que donne l'haleine en soufflant, et qui, sans ce moyen engorgerait l'embouchure du Flageolet et lui donnerait une espèce d'enrouement.

A l'expérience l'éponge ne paraît pas très efficace parce que l'humidité se dépose surtout en haut de la pompe. Même sans éponge les flageolets ne semblent pas se boucher comme le font les flûtes à bec.

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Les doigtés sont différents, car il y a quatre trous sur le devant, et deux trous de pouce à l'arrière, celui du haut servant à l'octaviation, comme à la flûte à bec. La tessiture de l'instrument, parfois muni de clés, peut dépasser deux octaves. Le flageolet de cette époque sonne habituellement en la, mais la musique est souvent écrite comme pour un instrument transpositeur en ré.

les quatre trous devant le flageolet et la clé de si♭ (ré#) de cet instrument.

les trous de pouce à l'arrière du flageolet

Les flageolets anglais, par contre, possédaient les six trous sur le devant, sans trou de pouce en général, l'octaviation se réalisant en augmentant la pression du souffle. Des flageolets doubles (deux corps et un seul porte-vent) ont aussi été construits en Angleterre au dix-neuvième siècle.